mardi 17 décembre 2013

Pape Francis raille la religion du capitalisme


http://www.policymic.com/articles/74883/pope-francis-rails-against-the-religion-of-capitalism
L'Eglise catholique est allée virale pour la première fois au cours de sa longue histoire, cette semaine. Le Pape Francis a publié une exhortation apostolique, ce mardi, une missive de 84 pages sur l'état du monde. Poursuivant dans la veine de son pontificat, qui prend la une des journaux, le nouveau Pape a affiché un penchant anti- capitaliste marqué, qui a alerté une génération de personnes socialement responsables, mais religieusement indifférente à l'intérêt renouvelé de l'Eglise pour la promotion de l'égalité.
Bien que l'accent mis par le manifeste sur la justice sociale se fond confortablement dans la doctrine traditionnelle - l'Eglise se trouve être fondée par « un mec » qui a une ou deux choses à dire au sujet de l'aide aux pauvres - la condamnation du Pape non seulement sur l'inégalité, mais ce qui est plus important encore sur l'éthique même de capitalisme, représente vraiment une réorientation légèrement moins évidente du rôle de l'Eglise dans la société.
L’essentiel de l'histoire de l'Eglise catholique a été celle d'une machine politique couronnée de succès. Comme pour toute institution, l'argent n'a jamais été loin derrière. La dorure ornant la basilique Saint-Pierre - ou les 117 milliards de dollars actuellement à la banque du Vatican – contrastent plutôt avec les fortes paroles du Pape sur le capitalisme avec l'histoire de son Eglise réussissant parfaitement avec l '« économie de l'exclusion ».
Mais depuis quelques siècles, les choses ont changé. Tandis que les puissantes institutions bancaires, militaires et culturelles du monde occidental avaient déjà mobilisé l'Église pour accomplir leurs agendas (l’impérialisme vient à l'esprit), l'introduction de la théorie économique au siècle des Lumières a soudainement offert aux gens une excuse plus directe pour développer des entreprises et accumuler de l’argent. Les structures de pouvoir - en particulier celles des gouvernements - ont échangé progressivement la poursuite du ciel avec la poursuite des richesses, comme base de leurs systèmes éthiques et il s’en est suivi de plus grandes sociétés. La décision du pape Francis de prendre sa puissante Eglise de jadis dans une direction résolument de non-pouvoir – d’aider les démunis - est une concession à ce changement.
Dans le document, Francis critique les résultats, sinon les objectifs utopiques, d’un capitalisme sauvage. Ce faisant, il semble reconnaître le spectre comme quelque chose de stature égale à son propre Catholicisme – c'est-à-dire, égal et opposé. Il considère notre culture de consommation non comme le produit d'une mauvaise discipline et d’une moralité lâche, mais exactement et avec perspicacité, comme un système d'éthique en soi autonome.
Il se plaint qu’aujourd'hui, tout se trouve sous les lois de la « concurrence et de la survie du plus fort, où le puissant alimente l’impuissant. En conséquence, des masses de gens se trouvent exclues et marginalisées, sans travail, sans aucun moyen d'évasion. Ce n'est plus simplement de l'exploitation et de l'oppression, mais quelque chose de nouveau. »
Francis fait allusion à cette nouvelle chose dans une section
intitulée : « Non à la nouvelle idolâtrie de l'argent ». Dans ce document, il décrit une religiosité croissante qui a surgi autour des principes fondamentaux du capitalisme.
Ils rejettent le droit des États, chargés de vigilance « pour le bien commun, d'exercer toute forme de contrôle » écrit-il. « Une nouvelle tyrannie est ainsi née, invisible et souvent virtuelle, qui impose unilatéralement et sans relâche ses propres lois et règles... Dans ce système, qui a tendance à dévorer tout ce qui se trouve sur le chemin de l'augmentation des profits, tout ce qui est fragile, comme l'environnement, est sans défense devant les intérêts d'un marché déifié, qui deviennent la seule règle. »
Certaines personnes ... supposent que la croissance économique, encouragée par un marché libre, va inévitablement réussir à amener plus de justice et d'intégration dans le monde. Cette opinion, qui n'a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance rudimentaire et naïve en la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et le fonctionnement sacralisé du système économique dominant. Le « fonctionnement sacralisé » du marché ! L'ironie est que la critique offrant cette insulte est l’unique plus grand pourvoyeur de superstition sacralisée du monde, mais le point demeure valable.
En s’y prenant au capitalisme et à ses partisans les plus pieux, le Pape Francis n'a pas tellement écrit un tract gauchiste que provoqué une confrontation intéressante avec le système éthique, qui a supplanté son influence sur l'Église dans notre monde. Les Béatitudes n'ont jamais été en harmonie avec l'éthique de la maximisation du profit, mais jusqu'à mardi, elles n’avaient également jamais été aussi brutalement contrastées.
C’est intéressant : un « marché déifié ». Comme présenté ici et ailleurs dans le document, cette terminologie religieuse se détache comme une diffamation cinglante, mais totalement appropriée, lancée par le Pape, sur la dévotion de la droite radicale aux laissez-faire économique. Il dénigre la philosophie politique du marché - adoptée dans les philosophies telles que le libertinage, l'objectivisme et l'anarcho-capitalisme - au niveau d'une superstition commune comme les autres. Il dit : Raillez vos démons imaginaires autant que vous le voulez – le keynésianisme, la réglementation, les impôts - votre évangile et votre preuve est pareillement imaginé comme toute religion
traduction : Alain

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